Cri du cœur révolté d’une maman en deuil de son enfant, après la polémique autour de la tombe rose de la petite Léa, décédée d’une malformation cardiaque, dans la commune varoise du Muy. Certains administrés avaient trouvé cela inconvenant jusqu’à vandaliser la tombe de la petite Léa. Ses parents ont expliqué avoir choisi le rose car «Léa était une petite fille tellement merveilleuse qu’elle méritait de la couleur dans sa vie, elle n’en a pas eue alors elle l’a eue dans la mort».
Nathalie témoigne de son propre ressenti de maman : « L’histoire de cette famille me choque autant qu’elle m’attriste. Elle prouve malheureusement combien les détracteurs, vandales et critiques de tout crin du choix de cette maman sont ignorants du drame inhumain que représente la perte d’un enfant pour ses parents. Ce drame est si contre-nature et au-delà de toute représentation qu’il est juste déplacé de se permettre de juger ce qui est acceptable ou « inconvenant » en matière de sépulture pour un enfant. Donner du sens, honorer la mémoire de son enfant est une question de survie et d’équilibre pour beaucoup de parents. Il conditionne leur résilience.
Avant le décès de Carla-Marie, je ne comprenais pas comment des personnes pouvaient aimer se rendre dans un cimetière en dehors des temps convenus que sont le jour des obsèques ou la fête de la Toussaint. Je n’imaginais même pas possible que l’on puisse y trouver du réconfort. Le cimetière était un lieu triste, c’est tout. Donc à éviter le plus possible. Ma propre expérience m’a appris pourtant qu’aller se recueillir sur la tombe de son enfant pouvait être ressourçant. Que l’aménager pour qu’elle honore la mémoire de son enfant était juste vital. Et qu’imaginer que ses visiteurs puissent aimer y retrouver la personnalité de Carla-Marie était même un immense réconfort.
Pas une fête, pas un changement de saison ne passe sans que des fleurs, des dessins, des attentions laissées par ses visiteurs ne les rappellent sur sa tombe.
Ridicules penseront peut-être certains? Déplacés? Ils jugeront au pire que cela perturbe leur propre recueillement lors de leurs visites au cimetière. Au mieux que c’est un signe inquiétant d’un état encore très perturbé des parents. Et bien non. Les rituels que l’on invente pour son enfant perdu ne sont pas déplacés. Ils sont nobles, respectables et immensément beaux. Ce qui est déplacé, c’est la mort d’un enfant qui rêvait de vivre. C’est vivre privé de cet enfant avec le chagrin de n’avoir pu le sauver. Alors, quand les rituels sont originaux comme cette pierre tombale rose, l’originalité est à la mesure de la créativité surhumaine qu’il faut à des parents pour trouver un sens et la force de continuer après la perte de leur enfant.
Alors j’admire cette maman et son audace. Je l’admire car j’aurais aimé avoir eu son audace, et avoir eu comme elle l’idée de mettre de la couleur sur la pierre tombale de Carla-Marie. A défaut de couleurs, j’ai osé des peluches, des statuettes des animaux qu’elle aimait, des fleurs jusqu’à n’en plus tenir sur sa tombe, des arbres parce qu’elle préférait toujours acheter des arbres plutôt que des plantes saisonnières, une mangeoire pour les oiseaux pour leur donner envie de se poser sur sa tombe, des lampes solaires pour qu’elles brillent la nuit comme des étoiles, une petite citrouille à Halloween, un petit sapin à Noël, et demain une composition de fleurs aux couleurs de ce nouveau Pâques qu’elle ne vivra pas. Vous trouverez même une tresse des crins de la queue de Pirate, son poney adoré.
Autant de signes et de gestes pour lui rappeler, à elle et à tous ceux qui l’ont connue, notre amour infini. Autant de signes et de gestes pour rappeler à ses visiteurs, dont beaucoup d’enfants, que Carla-Marie était cette petite fille extraordinaire pleine de vie, d’amour et d’émerveillement pour la nature, les animaux, les saisons. Alors pardon si cela en dérange certains. Et bien je répète à ces personnes comme à toutes celles qui critiquent la couleur de la tombe de Léa, que leur incapacité à se mettre à la place de la maman qui vient se recueillir sur la tombe de son enfant est juste inadmissible et que nous leur souhaitons de ne jamais être confrontés, de près ou même de loin, à pareil chagrin ».
http://www.leparisien.fr/…/var-la-tombe-rose-d-une-enfant-f…