Nous tenions à partager les mots d’Eric Dudoit lors de notre dernière rencontre sur le sujet des fêtes de Noël 🎅🏻 après la perte d’un enfant. Des mots qu’il faut laisser agir, et qui parlent à nos cœurs quand la tête ne peut nous aider.
✨ Lors de cette rencontre, nous avons ri, et nous avons pleuré, nos larmes donnaient à nos rires une valeur toute particulière, des larmes et des rires de «joie tristesse».
La joie de l’avoir connu et de ressentir encore si fort son amour 💕, alliée à la tristesse de l’avoir perdu et de son absence physique. Perdu ? L’a t-on vraiment perdu notre enfant quand on réalise à quel point pour nous il est en tout et partout, dans chaque larme, chaque rire, chaque étincelle de vie, chaque éclat de lumière ? ✨
Mais il est où notre enfant absent ? 💖 La croyance en quelque chose après la mort, ça marche quand tout va bien. Mais quand il nous manque un enfant, ça ne marche plus, on a besoin de chair. Et c’est d’autant plus dur que dans notre société on ne doit pas perdre d’enfant. C’est un trou béant, impensable. Et la seule façon de le combler, c’est d’accepter qu’on ne le peut pas. Il faut vivre avec ça. Cela peut prendre parfois toute une vie pour y arriver.
Alors quel casse-tête ces fêtes. On voudrait les éviter, mais on ne peut rien éviter 🎄
On dribble entre ceux qui s’entêtent à faire comme si rien ne s’était passé… et il n’y a rien de pire que de devoir faire semblant, et ceux qui guettent nos larmes, nous prennent la main pour nous dire qu’ils comprennent et sont là… 💓
Mais personne peut comprendre ou être vraiment là pour nous. Quand on perd son enfant, on est forcément seul. Le sentiment d’abandon, de notre enfant et même des autres, est immense. Quand on n’a pas perdu d’enfant on ne peut pas comprendre, mais on peut écouter. Oublier c’est le pire. On a la parole et on ne l’utilise pas assez dans les moments les plus importants de la vie. Le secret c’est la parole. Mais parler n’est pas communiquer ; parler veut dire que j’essaie de rentrer dans votre cœur 💖 et de vous faire rentrer dans le mien. On parle de ce qui nous touche.
Mais comment parler de la mort d’un enfant ? La question de la mort déjà, personne ne veut s’y atteler. Même pas les professionnels de soins palliatifs. On dit j’ai perdu mon enfant… et en même temps il est toujours présent, plus qu’avant même. C’est un ascenseur émotionnel permanent épuisant. Mais est ce qu’on veut vraiment l’arrêter ? Non parce qu’on a comme un devoir de mémoire. Pas seulement le devoir de mémoire de son histoire tragique. Il faut aussi se remettre dans le contexte du bonheur et de la joie avec lui 😍. Pourquoi notre enfant est parti ? On ne le saura pas.
Mais l’important est le chemin accompli avec lui et qui fait qu’on est l’humain que l’on est aujourd’hui. Peut être que notre enfant est juste parti…
Croire ça ne sert à rien, ça n’aide pas. Mais ressentir c’est plus fort 💞. Et pour ressentir, la tête n’aide pas, il faut entrer à l’intérieur de soi. On est bien plus que ce que l’on est, bien plus que notre personnalité, que ce parent dévasté. Et si j’écoute ce que je vis, ce que je ressens, des choses vont advenir. Si on s’ouvre alors on peut faire des expériences. L’expérience de la présence absence de l’enfant, de son odeur furtive, de sa voix… 🌟
Offrir un cadeau à son enfant défunt, sentir son vêtement, regarder ses photos… ça n’est pas pathologique, c’est aller chercher à l’intérieur de soi quelque chose qui résonne avec le dehors. Quand je crois voir un signe, sens un linge, écoute une musique ça me fait tant de bien, comme s’il était là…💞
Il y a une larme, mais pas forcément triste. Une larme de joie 🥰 triste, un moment de joie tristesse. A la fois il n’est plus là et à la fois il est là. L’important c’est ce qui nous fait du bien. Peu importe le psy ou la tête et ce qu’ils nous disent. C’est le cœur qui sait. Et pour savoir il faut aller plus loin que la raison. Le savoir n’est pas la connaissance mais la capacité de vivre dans un univers partagé. C’est la seule chose qui compte vraiment.
Noël vous allez le vivre dans un univers partagé. Et l’enfant sera là si on l’y invite, grâce à votre Amour qui est la chose la plus puissante, la plus vraie. Et si vous voulez ce jour là que votre enfant soit présent, il sera présent, même si votre tête vous dit que ce n’est pas possible. 💓
L’expérience de la perte m’amène à travailler au sens d’accoucher de moi, pour comprendre que rien ne meurt et que tout se transforme. La vie ne s’oppose pas à la mort. La mort est présente partout dans la nature. Toutes les spiritualités nous disent qu’après la mort, ce n’est pas terminé. Mais cela ne le fera pas revenir. Il faut être au clair avec soi même. Est ce que je veux qu’il revienne comme il était ou est ce que je veux la joie et l’amour ?
Noël 🎄 est rempli de codes sociaux. Il faut s’en distancier le plus possible. Le temps n’existe pas, il est composé de plusieurs espaces temps, dans lesquels il est possible de se déplacer. Notre cœur, notre âme, notre esprit ont cette capacité de voyager. On peut continuer le dialogue avec son enfant. Lui parler nous fait du bien. Et quand ça nous fait du bien, on pleure 😢… On pleure de joie tristesse.
Pourquoi est-il parti ? Pourquoi moi ? Parce qu’on est venu sur terre pour vivre cette expérience, parce qu’on est un homme debout. Et ce qui fait qu’on est debout c’est l’amour 💖. On est un être lumineux, plus lumineux encore de cette perte. Il faut que ça vive et pour que ça vive il faut un minimum de joie. On peut l’accueillir ou pas. On a cette liberté dans cette vie. Même celle de perdre un enfant… Et après on peut en faire quelque chose de plus grand encore, de plus beau… ✨
L’esprit de consolation ne peut venir qu’à la pointe du cœur 💓. Pour qu’il puisse advenir, il faut un silence. Comme dans Le Petit Prince. On oublie toujours la vraie fin. Il nous dit : « Je suis sur ma planète et je vois des milliers de couchers de soleil. Oui le serpent est venu. Mais je suis toujours là… ». Le jour où il est parti n’est pas qu’un jour de malheur, c’est un jour d’au-revoir… 🌅
Alors si pendant les fêtes vous croisez son odeur, son ombre, son regard, accueillez les. Le moyen de faire taire la tête qui doute ? Respirer. C’est vrai. Ce n’est peut être pas exact au sens scientifique. Mais c’est vrai… Le cœur vous le dit et vous le ressentez. Il n’est jamais très loin de vous… 💞 🧒🏻 👶
Vous avez pris soin de lui, peut être que c’est lui qui prend soin de vous maintenant.✨
Avant de nous quitter, Éric Dudoit a remercié les parents présents de lui donner autant, lui qui nous donne tant… «Merci de mon coeur ouvert. Merci de tant d’âmes qui ouvrant leur coeur me comblent de joie, de beauté et d’amour». Merci de nos cœurs ouverts Éric Dudoit, Psychologue., Jude Nazar 💕
Éric Dudoit est docteur en psychologie clinique et psychopathologie, responsable de l’unité de psycho-oncologie du CHU La Timone à Marseille depuis 2002, il a créé en 2005 l’Unité de soins et de recherche sur l’esprit au sein du centre hospitalier.