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« Mon fils aurait 30 ans aujourd’hui. Le temps passe mais mon coeur est toujours plein d’amour et d’émotion pour lui. »

C’est ainsi que Valérie conclut timidement le message qu’elle m’écrit. En s’excusant presque de partager cette pensée qui pourtant, à n’en pas douter, l’a accompagnée toute cette journée et certainement aussi les jours précédents.

Parce qu’on n’oublie jamais.

Peu importe l’âge de l’enfant, le nombre d’années vécues avec lui, et sans lui, il reste à jamais « notre enfant ». Celui qui nous a été arraché. Cela peut paraître une souffrance infinie qui ne s’atténue pas avec le temps. Mais aux mamans qui vivent le deuil récent de leur enfant, cela paraîtra certainement réconfortant de voir que 30 ans après, une maman n’oublie toujours pas son enfant défunt, qu’il compte toujours autant pour elle, et qu’elle reste à jamais maman de cet enfant si important qui n’est plus. Cela les rassurera de voir, combien le manque et même la souffrance sont les revers de l’amour inconditionnel. Car le pire à vivre pour des parents après la perte de leur enfant, n’est-ce pas son oubli ? Alors savoir qu’on n’oublie pas, jamais, peu importe les années qui passent, oui c’est un immense réconfort.

Alors j’ai osé demandé à Valérie de me raconter son fils Aurélien, sa petite soeur Alizé, et quand je l’écoute, que je regarde les photos de sa famille, les photos avec sa fille, l’amour qui se dégage de leurs regards et de leurs gestes, je ne peux m’empêcher de penser qu’Aurélien a certainement préparé la venue de sa soeur et permis à Valérie de vivre sa nouvelle maternité avec une conscience et une intensité d’amour encore plus grande que celles auxquelles le coeur d’une maman prépare. Valérie nous a offert son histoire d’amour avec Aurélien, le jour du trentième anniversaire de sa naissance, un très beau cadeau pour tous les par’anges…

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« Il s’appelait Aurelien. Il est né un mois avant terme, le 22 novembre  1987. Et il est décédé le 25 novembre 1987 d’une hémochromatose néonatale, trois petits jours plus tard.  Sa sœur Alizé est née un an après le 21 décembre 1988. Un 21 décembre, le même jour précis où Aurelien aurait du naître si ma grossesse était allée à son terme. Né par césarienne et d’un faible poids, Aurélien a été transporté à la Timone en service de néonatalité. Le jour de son transfert, j’appelais plusieurs fois par jour pour avoir des nouvelles car j’étais moi-même dans une autre clinique, et je ne pouvais pas me déplacer. Le lendemain matin, en appelant je me suis entendue dire froidement par téléphone qu’il était décédé. Aucune prise en charge psychologique ne m’a été proposé à la maternité, bien au contraire. Un enfant qui décède en néonatalité ne compte-t-il pas vraiment puisqu’on n’a pas le temps de le connaître? Pourtant Aurélien a vécu 8 mois en moi, 8 mois d’amour durant lesquels je n’ai pas eu besoin de le tenir dans mes bras pour l’aimer.

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J’ai dû rester plus longtemps que prévu, car à la suite de ce choc j’ai fait un début de septicémie. Il était très difficile pour moi de rester à la maternité et de voir les mamans sortir avec leur couffin…

 

Une douleur invincible et difficile à partager. Et puis, j’ai voulu reprendre rapidement mon travail et me battre , et je suis tombée enceinte d’Alizé quatre mois plus tard.IMG_4639

Entre la période du décès et le jour où je suis tombée enceinte, je ne pouvais pas voir mes amis proches qui avaient eu un bébé. Lorsque je rencontrais des personnes moins proches qui avaient eu connaissance de ma grossesse et qui qui me demandaient des nouvelles de mon bébé, je leur mentais, je disais qu’il allait bien, c’était horrible. Je n’arrivais pas à dire la vérité.
Ma blessure a commencé à se refermer lorsqu’Alizé est née. Mais Aurélien est à jamais dans mon cœur. Et je suis persuadée que le fait d’avoir un enfant de sexe opposé a été mieux pour moi, et m’a permis de ne pas comparer et ni de faire un transfert.
Aujourd’hui, mercredi 22 novembre 2017, Aurélien aurait eu 30 ans. J’ai pensé mettre un post sur Facebook, mais je n’ai pas osé. Je ne sais pas pourquoi. Ce n’est pas si facile d’en parler même tant d’années après et surtout d’en parler à des personnes qui n’ont pas vécu ce drame. Je comprends que les familles du Point rose aient besoin de se retrouver car elles partagent les mêmes émotions et se comprennent. S’il y avait eu un Point rose il y a 30 ans cela m’aurait beaucoup aidée. Je me suis battue seule. »
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