Quand on perd son enfant, on se prépare à vivre dans la souffrance l’anniversaire des jours de sa naissance et de sa mort. On ne pense pas toujours à la difficulté de vivre le jour de son propre anniversaire.
Nathalie raconte son premier anniversaire sans Carla-Marie, mais avec son amour … 💞
« Quand le jour de mon anniversaire est arrivée, 11 mois après la mort de Carla-Marie , il m’était littéralement insupportable que l’on me le fête. Comment pouvait-on fêter l’anniversaire de ma naissance, à moi la monstrueuse maman qui n’avait pas réussi à sauver sa fille ?
Je pensais que j’aurais préféré ne jamais naître pour ne jamais vivre une telle souffrance. J’en venais même, de manière injuste et puérile, à en vouloir à mes propres parents de m’avoir donné la vie et de ne pas avoir pu m’épargner ce malheur. Mon premier anniversaire sans Carla a ainsi été d’une violence totale, que je retournais contre moi-même pour purger inconsciemment la culpabilité que je ressentais d’être moi encore en vie, alors qu’elle ne l’était plus. Alors j’ai interdit à tous mes proches d’avoir une quelconque attention pour moi, décrétant que plus jamais je ne voulais qu’on me souhaite ce jour maudit de ma naissance.
Mais au fond de moi, la petite voix de Carla dans mon cœur me rappelait son immense bonheur de me fêter mon anniversaire, de me préparer ses surprises. Je ressentais une telle fierté et une estime de moi inégalée quand dans les yeux de mes filles je voyais leur amour et leur propre fierté de m’avoir pour maman. Insensible à mes injonctions, lors de ce premier anniversaire, Paloma, la petite sœur de Carla, ne me laissa pas le choix. Pour elle, rien n’avait changé. J’étais toujours sa maman qu’elle était heureuse et fière de gâter pour son anniversaire. Elle m’offrit ce 16 janvier 2016, un merveilleux dessin qui me bouleversa, parce que du haut de ses 8 ans, elle y avait réuni tout ce qui pouvait faire fondre la glace autour de mon cœur meurtri. Un dessin représentant un ange m’écrivant joyeux anniversaire maman….
Alors j’ai compris sa leçon. Et même si je n’arrive pas encore à fêter ce jour « pour moi », je le vis différemment avec plus de douceur «pour elles», pour Paloma bien sûr mais aussi pour Carla. Les cadeaux qui font s’écrouler à chaque fois toute l’armure que j’érige à chaque nouvel anniversaire, sont toujours ceux qui ont un lien avec Carla. J’ai réalisé que c’était la clé pour apprivoiser doucement ces anniversaires. Y associer notre enfant, le vivre avec lui encore, même autrement, et apprendre à aimer la maman qu’il a tant aimé et qu’il aime encore de son amour inconditionnel.
La deuxième année, malgré mes nouvelles menaces de Capricorne entêté, ma mère ne les a pas écoutées et est venue me déposer un cadeau, le jour de mon anniversaire, insistant qu’il était important pour elle de me le donner ce jour-là. Devant Paloma je n’ai pas pu différer son ouverture. Et en l’ouvrant je n’ai pu contenir mes larmes d’amour en découvrant un tableau composé de dizaines de photos de Carla patiemment retrouvées, découpées et agencées. Comme un immense tableau de moments de vie éternels dans mon cœur. Quel plus beau cadeau imaginer pour m’aider à accepter mon anniversaire et à me regarder avec un peu plus de clémence, que celui des photos de tous ses regards de Carla réunis qui semblaient me dire : « Bon anniversaire maman. Je suis si fière et reconnaissante que tu sois née pour un jour devenir ma maman. Je t’aime, tu es ma maman d’amour pour toujours ». 💕