Le partage bouleversant empreint d’humanité et de l’humilité bienveillante d’Eric Dudoit au chevet d’une jeune adulte en fin de vie. Des mots et des silences qui aident à partir ici pour ne jamais plus se quitter ailleurs…
Merci Eric d’apporter si souvent ton amour et ta présence aux familles du Point rose 💞
Éric Dudoit est docteur en psychologie clinique et psychopathologie, responsable de l’unité de psycho-oncologie du CHU La Timone à Marseille depuis 2002, il a créé en 2005 l’Unite de soins et de recherche sur l’esprit au sein du centre hospitalier. Auteur de plusieurs publications sur la spiritualité dans les soins (Au coeur du cancer, le spirituel, Ces EMI qui nous soignent) et en 2017, de La Porte à franchir (éditions Le Passe-Monde).
Les ongles peints
« A toi Ana, qui partie pour le grand voyage cette nuit , tu m’as demandé avant hier de te dire comment ça faisait de mourir… A mes mots, ton beau regard figé et triste se fit alors plus doux et moins effrayé. Tu esquissas même un sourire de tes grand yeux d’amande bleue .
– Alors, ça fait pas mal de mourir … fis-tu entre deux souffles difficiles. Prenant ma main avec Monsieur Lapin , ta peluche.
– Je n’en peux plus « mon » Eric, maintenant je suis paralysée, je ne peux, même pas, me retenir, j’ai si honte… Tu penses que l’on souffre de partir d’ici ?
Non, c’est même le contraire, un grand souffle d’amour et … Et, tu visiteras les tiens, tes amours d’ici, leur chuchotant ta liberté.
Un silence doux et plein empli la chambre, le sacré est la ..
– M’entendront-ils ?
sûrement si au coeur de leurs souffrances une petite
‘joie » vie encore… Toi, tu auras peut être la peine des voyageurs qui s’en vont quittant les leurs…
Ainsi cette nuit …
Je te vis déjà courir dans les blés jaune de l’été, rire en me montrant la beauté de tes ongles peints. Tu es toujours belle, tu as tes 22 ans accrochés au regard rieur de celle qui s’en retourne vers Sa demeure…
J’ai un peu pleuré à mon réveil ce matin, ne m’en veut pas, nous sommes si encombrés de notre personnalité… Belle route mon amie, ma soeur…vas, vas… »